La virologie est à l’honneur cette année avec l’attribution du prix Nobel de physiologie ou de médecine à trois chercheurs pour leur découverte de deux types de virus. Harald Hausen a été récompensé pour sa découverte du rôle des papillomavirus humains dans le développement du cancer du col de l’utérus, tandis que Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier ont été récompensés pour leur découverte du virus de l’immunodéficience humaine, plus connu sous le nom de VIH.

Les papillomavirus humain (HPV) constituent une famille de virus dont certains peuvent provoquer des cancers du col de l’utérus. Harald Hauser a démontré le lien existant entre les deux. Récemment, cette découverte a eu une application pratique avec la commercialisation du premier vaccin anti-cancéreux. En effet, en vaccinant des femmes contre certaines souches de HPV, on peut prévenir la survenue de cancers du col de l’utérus en prévenant l’infection par le virus. Bien sûr, il existe d’autres causes pour ce cancer, en particulier d’autres souches d’HPV, qui ne sont donc pas éliminées par ce vaccin, mais les études font état de 70 à 80 % de cancers du col de l’utérus évités chez les femmes vaccinées. Ce résultat justifie une large diffusion de ce vaccin, sachant que ce type de cancers est le deuxième en fréquence chez les femmes (après celui du sein) avec 500 000 cas par an au niveau mondial et 258 000 décès.

En savoir plus sur les papillomavirus humains

Le VIH, lui, est un rétrovirus responsable du sida. Dès 1981, les études épidémiologiques indiquaient l’apparition d’une épidémie ayant pour origine probable un virus. C’est au laboratoire de virologie de l’Institut Pasteur, dirigé par Luc Montagnier, que Françoise Barré-Sinoussi va identifier un nouveau virus candidat pour être la cause de la maladie, le VIH, à partir de cultures de lymphocytes prélevées dans des ganglions de malades (cellules fournies par Willy Rosenbaum). Les nombreuses recherches qui seront alors menées sur ce virus prouveront formellement qu’il est bien le responsable de la maladie. On se souvient que la paternité de cette découverte a longtemps fait l’objet d’une controverse, restée célèbre, entre l’équipe de Luc Montagnier et celle de Robert Gallo du NIH (National Institut of Health). Si l’apport de ce dernier dans la connaissance du virus est indiscutable, l’attribution du prix Nobel aux seuls Français vient rappeler que la découverte du virus est bien de leur fait.

Le dernier prix Nobel de physiologie ou de médecine attribué à un Français remontait à 1980 ; il récompensait Jean Dausset, conjointement avec les Américains George Snell et Baruj Benacerraf, pour leur découverte du complexe majeur d’histocompatibilité ou CMH.