L’ADN fossile est mieux préservé dans un petit os du crâne, l’os pétreux, que dans les autres os. Une équipe pluridisciplinaire de paléontologues, anatomistes et biologistes moléculaires de l’Institut Weizmann des sciences (Israël) explique cette meilleure conservation par une quantité plus importante de cellules osseuses dans cet os que dans le reste du squelette.
L’étude de l’ADN ancien conservé dans les os fossiles fournit des informations inestimables sur les populations humaines et animales passées. Une observation récurrente suscite la curiosité des paléontologues : l’ADN ancien est bien mieux conservé dans l’os pétreux (également appelé rocher, il s'agit d'un os latéral du crâne contenant l’oreille interne) que dans la plupart des autres os 1. Plusieurs hypothèses ont été avancées, comme une plus forte densité, une modification moins importante de l’os après la naissance, ou une plus forte concentration d’ADN. C’est cette dernière hypothèse que Jamal Ibrahim et son équipe ont testée 2.
Pour cela, les chercheurs et chercheuses ont mesuré les concentrations de lacunes ostéocytaires (des espaces non minéralisés occupés par les cellules des os, les ostéocytes) dans plusieurs os, dont l’os pétreux, chez le porc domestique. Les mesures ont été réalisées par microtomographie à rayons X à haute résolution (Figure 1).
Les résultats montrent que les concentrations de lacunes ostéocytaires dans la couche interne de l’os pétreux sont environ trois fois plus élevées (environ 95 000 lacunes/mm3) que dans le reste de l’os temporal (environ 28 000 lacunes/mm³) ou que dans le fémur (environ 27 000 lacunes/mm3). Pour autant, les tailles et les formes des lacunes sont similaires dans chacun de ces os. En outre, la coloration de l’ADN employée lors de la préparation des échantillons montre que ces lacunes contiennent bien des ostéocytes.
L’une des raisons possibles pour lesquelles l’ADN ancien est mieux préservé dans l’os pétreux est donc que cet os contient initialement au moins trois fois plus d’ADN que les autres. Ainsi, au cours de la diagenèse, davantage d’ADN exploitable est susceptible d’y être conservé. C’est pour cette raison que les études d’ADN fossile se réalisent préférentiellement dans l’os pétreux, lorsque celui-ci est disponible1.