Cette brève présente une découverte essentielle en infectiologie, publiée en janvier 2015.
La résistance aux antibiotiques est un phénomène connu depuis longtemps mais qui inquiète de plus en plus le monde médical. En effet, depuis des années on note une accélération de l’apparition de bactéries résistantes à une ou plusieurs classes d’antibiotiques, voire à l’ensemble des antibiotiques actuellement disponibles. Le spectre d’un retour partiel à une situation où la médecine serait impuissante à lutter contre certaines infections bactériennes commence à être pris au sérieux. Pour éviter d’en arriver à une telle situation, plusieurs initiatives ont déjà été prises. On peut citer en exemple les campagnes d’information visant à limiter l’usage des antibiotiques aux seules pathologies qui le nécessitent vraiment.
La mise sur le marché de nouveaux antibiotiques apparaît bien entendu comme une solution permettant au moins de repousser la survenue de cette situation. Malheureusement, il est désormais très rare de découvrir une nouvelle classe d’antibiotiques pour laquelle très peu de bactéries sont susceptibles d’être résistantes. C’est pourquoi l’annonce faite hier (7 janvier 2015), par une étude publiée dans Nature (voir référence), de la découverte de la teixobactine, un nouvel antibiotique efficace sur les bactéries multirésistantes, sans effet secondaire, et dont aucune résistance bactérienne n’a pu être mise en évidence pour le moment, est une nouvelle qui est très remarquée.
Mieux encore, la nouveauté de cette étude ne se limite pas à la découverte d’un nouvel antibiotique, ce qui est déjà en soit un résultat important, elle présente également la mise au point d’une nouvelle méthode permettant de cultiver des bactéries du sol en laboratoire et ainsi de pouvoir découvrir de nouveaux antibiotiques. Ce type d’avancée technique s’avère souvent déterminant en recherche, car il fournit de nouveaux moyens d’étude. Rappelons par exemple que la découverte du virus du sida doit beaucoup au Dr. Willy Rozenbaum qui a eu l’idée de mettre en culture des cellules de ganglions lymphatiques riches en lymphocytes ; elles sont avérées être une source manipulable de virus, permettant leur identification.
Les chercheurs impliqués pensent que d’autres antibiotiques mais également des anticancéreux devraient pouvoir être découverts en utilisant cette méthode dans les années à venir.
C’est d’ailleurs déjà le cas puisqu’ils font état de 25 nouveaux antibiotiques découverts, la teixobactine étant celui dont les propriétés paraissent les plus intéressantes.
La limite actuelle de cette étude réside dans le fait que la teixobactine n’a pas été testée chez l’Homme mais uniquement chez la souris. Mais vu l’importance potentielle de cette molécule, on peut penser que les études chez l’Homme seront réalisées le plus rapidement possible, en espérant que les résultats prometteurs obtenus se confirment.
Référence :
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Losee L. Ling et coll. A new antibiotic kills pathogens without detectable resistance. Nature (2015) 10.1038/14098.
