C'est une découverte importante dans le domaine de l'évolution que vient de faire une équipe de chercheurs internationaux pilotée par le laboratoire Hydrasa (Hydrogéologie, argiles, sols et altérations, UMR 6269 CNRS/Université de Poitiers). En effet, l'âge des plus anciens êtres vivants pluricellulaires connus était jusqu'à présent d'environ 600 millions d'années (la faune d'Ediacara est datée de -600 à -544 millions d'années). Mais des fossiles qui ont été trouvés en 2008 au Gabon apporteraient la preuve qu'il existait déjà de tels organismes il y a 2,1 milliards d'années, ce qui transforme une partie de ce que l'on pensait savoir sur l'évolution de la vie. Le texte intégral de l'article publié par la revue Nature le 1er juillet 2010 et qui relate cette découverte est disponible en libre accès ainsi que des commentaires (voir les Références).
Les fossiles découverts, dont certains atteignent 12 à 14 cm, correspondent à des organismes qui vivaient dans une mer peu profonde (20 à 30 mètres) généralement calme mais pouvant être agitée par des mouvements de marées ou des tempêtes. Leur existence soulève des questions, notamment d'ordre métabolique. En effet, on sait que le début de la grande augmentation du taux de dioxygène dans l'atmosphère date de -2,4 milliards d'années, mais 300 millions d'années plus tard ce taux n'excédait pas quelques pourcents. Cependant, cette période correspond à un pic temporaire en dioxygène atmosphérique ce qui pourrait expliquer l'apparition de ces formes de vie à cette époque.
Nul doute qu'une découverte de cette ampleur va entraîner de nombreux commentaires et travaux complémentaires. Par exemple la conclusion selon laquelle ces enregistrements correspondent à la fossilisation d'organismes pluricellulaires, et non d'agrégats d'organismes unicellulaire, comporte une part d'interprétation. Dans le cas présent, les auteurs se basent en particulier sur la régularité des formes observées pour conclure à un développement coordonné. D'autre part, la zone dans laquelle ces fossiles ont été trouvés étant extrêmement riche (jusqu'à 40 fossiles sur un demi-mètre carré), on peut s'attendre à de nouvelles découvertes dans les années à venir. C'est donc une période passionnante qui s'ouvre devant nous concernant nos connaissances de l'histoire de la vie sur Terre.
- El Albani A., Bengtson S., Canfield D.E., Bekker A., Macchiarelli R., Mazurier A., Hammarlund E., Boulvais P., Dupuy J.-J., Fontaine C., Fürsich F.T., Gauthier-Lafaye F., Janvier P., Javaux E., Ossa Ossa F., Pierson-Wickmann A.-C., Riboulleau A., Sardini P., Vachard D., Whitehouse M. et Meunier A. Large colonial organisms with coordinated growth in oxygenated environments 2.1 Gyr. Nature (2010) 466:100–104.
- Philip C. J. Donoghue et Jonathan B. Antcliffe. Early life: Origins of multicellularity. Nature (2010) 466:41-42.
- Editor's Summary. Early multicellular life. Nature. 1er juillet 2010.