Comme tous les champs disciplinaires, les sciences de la vie et de la Terre fourmillent de mots abscons : somatopleure, entomogamie, aneuploïdie, panmixie, mais aussi orogenèse, synclinal, sidérophile… Pourtant, la connaissance des racines grecques et latines ayant servi à former ces mots permet d’en comprendre le sens et, ainsi, de mieux les assimiler. C’est pour cette raison que Philippe Grandchamp, ancien professeur en classe préparatoire BCPST au lycée Hoche de Versailles, propose ce lexique de près de 600 racines courantes aussi bien en biologie qu’en géologie. Celles-ci permettent de comprendre une liste d’environ 2 500 termes construits à partir de ces racines.

Pour chaque entrée de ce lexique, correspondant à une racine latine ou grecque, le sens de celle-ci est fourni. Puis la liste des mots utilisant cette racine est donnée, avec une explication si nécessaire. Par exemple, on apprend que la racine plagio-, du grec plagios, signifie oblique, transversal. Elle est utilisée en biologie dans le terme plagiotropisme, qui désigne la croissance d’un organe végétal dans une direction plus ou moins oblique par rapport à la gravité, mais aussi dans le mot plagioclase, un type de feldspath à clivages obliques. Pour comprendre pleinement chacun de ces deux mots, il faudra néanmoins aller ensuite respectivement aux entrées tropos (tour, direction, manière) et klastos (brisé). Ce lexique présente donc comme inconvénient de devoir parfois, pour un même mot, chercher à deux (rarement trois) entrées pour en comprendre pleinement le sens. D’un autre côté, le classement alphabétique des racines présente l’avantage de voir d’un seul coup d’œil l’ensemble des mots construits à partir d’une racine donnée. Ainsi, la consultation de l’entrée trop- indique l’emploi de cette racine dans les termes anatrope, chimiotropisme, chronotrope, isotrope, gonadotrope, etc.

Quel intérêt peut avoir ce lexique par rapport à un dictionnaire qui, en plus de définir les mots référencés, en présenterait l’étymologie ? Soulignons tout d’abord qu’à notre connaissance, le seul ouvrage récent de ce type est le Dictionnaire des sciences de la vie de Romaric Forêt. Comparé à celui-ci, le Lexique des racines grecques et latines en biologie/géologie a pour inconvénient de ne pas donner de définition des termes présentés, mais notons qu’il ne s’agit de toute manière pas de sa vocation (ce n’est pas un dictionnaire). Une seconde faiblesse de l’ouvrage est de ne pas donner l’étymologie de certains mots pourtant fréquents en biologie, tels que guanine, énergie ou insuline. Le Lexique a cependant pour avantage d’expliquer l’étymologie quand celle-ci n’est pas évidente d’après la seule connaissance des racines. Par exemple, le mot mitose est tiré du grec mitos, fil, filament. L’origine de ce nom est à chercher dans l’aspect filamenteux pris par les chromosomes lors de cette division cellulaire. Un second avantage du Lexique, non négligeable pour le public d’étudiants auquel il est destiné, est son faible prix (9,90 euros), en comparaison des 54 euros du Dictionnaire des sciences de la vie ou des 39,90 euros de sa version de poche, le Dico de bio.

Si ce livre s’adresse explicitement aux étudiants des classes préparatoires BCPST, il devrait également intéresser celles et ceux qui travaillent ou étudient dans le champ de la biologie et, dans une moindre mesure, de la géologie. Signalons pour finir, à l’attention de toutes les personnes curieuses d’étymologie, l’existence du cours gratuit De l’atome à l’humain : à la racine des mots scientifiques sur la plate-forme France université numérique.