La collection Les grandes voix de la recherche donne la parole aux médaillés d’or du CNRS, prix qui distingue chaque année « l’ensemble des travaux d’une personnalité scientifique de renom ». Jules Hoffmann reçut ce prix en 2011, l’année même où il fut également lauréat du prix Nobel de physiologie ou médecine pour ses découvertes concernant l’activation de l’immunité innée.

Au début de sa carrière, qu’il effectuera intégralement à Strasbourg, Jules Hoffmann étudia la synthèse et le métabolisme de l’ecdysone, afin notamment de comprendre le contrôle hormonal du passage de la phase solitaire à la phase grégaire chez le criquet migrateur. Une observation intrigante à l’époque était que malgré les greffes et lésions que subissaient les animaux de laboratoire, ils ne semblaient pas particulièrement sujets aux infections.

Dans les années 80, les travaux menés dans le laboratoire de Jules Hoffmann se concentrent sur les mécanismes de l’immunité innée, étudiés chez les insectes et en particulier chez les drosophiles. Plusieurs peptides antimicrobiens sont alors isolés et permettent d'expliquer en partie la résistance des insectes aux infections.

Plus tard, les séquences régulatrices des gènes codant ces peptides sont caractérisées puis un premier récepteur activé suite à une infection fongique, nommé Toll, est identifié. Le laboratoire strasbourgeois s'illustre également en mettant évidence une autre voie, appelée IMD (pour Immune Deficiency), impliquée dans la reconnaissance d’une infection par des bactéries à Gram négatif. Des protéines homologues à Toll sont ensuite caractérisées chez les Mammifères, il s’agit des Toll-like receptors, les TLR.

En plus de ces molécules membranaires, d’autres récepteurs de reconnaissance de motifs moléculaires, cytosoliques cette fois, sont identifiés. Il s’agit en particulier de membres de la famille des RLR (Retinoic acid-inducible gene (RIG)-I-like receptor), capables de reconnaître les ARN cytosoliques d’origine exogène et de différents récepteurs à l’ADN cytosolique (en particulier cGAS/STING).

Le récit fait par Jules Hoffmann de ces découvertes, bien que nécessitant quelques connaissances de base en biologie, se lit très facilement et agréablement. L’auteur mentionne régulièrement l’ensemble des collaborateurs qui ont contribué à ces avancées sur la compréhension de l’immunité innée, mettant ainsi en exergue le caractère collectif de la construction du savoir.

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