Une définition même de la « femellité » – qu’elle revête une dimension génétique ou anatomique – n’est pas chose aisée, tant le monde vivant est plein d’exceptions qui en font sa richesse. Que penser en effet de taupes dont les individus mâles et femelles partagent les mêmes chromosomes sexuels ? de l’absence du gène SRY – traditionnellement associé au développement d’un phénotype mâle – chez les ornithorynques ? des clitoris de forme phallique chez les hyènes tachetées ou de l’absence de vagin chez certaines musaraignes femelles ?

Ce livre surprend par sa description de nombreux comportements des femelles. Différents thèmes y sont abordés avec précision scientifique et humour, dans une série de chapitres indépendants aux titres évocateurs, parmi lesquels : « les mystères du choix du partenaire », « le mythe de la monogamie », « cinquante façons de manger votre amant » ou encore « quand les filles se débrouillent toutes seules : la vie sans mâles ».

Bitch met aussi en lumière les biais sociétaux qui ont contribué à une mauvaise interprétation des comportements observés dans les sociétés animales. Dans une démarche que Lucy Cooke considère féministe, de nombreuses scientifiques réinterrogent les conclusions phallocentrées sur les comportements animaux. Selon l’autrice, les résultats de ces nouvelles études dessinent une figure d’une femelle plus « authentique et complexe, à la fois ambitieuse, calculatrice, égoïste et sexuellement affirmée » et réfute sa passivité supposée, étayée par le mode de reproduction anisogame.

Cet ouvrage est agréable à lire et est accessible pour les personnes curieuses du monde animal, sans connaissances particulières en biologie. Mais les nombreux exemples – des rotifères bdelloïdes aux bonobos en passant par les tétras des armoises ou les suricates – ainsi que l’importante bibliographie renvoyant aux articles scientifiques publiés sur le sujet plairont aussi aux biologistes plus spécialisés.