La résistance aux antibiotiques est un phénomène connu depuis longtemps mais qui inquiète de plus en plus le monde médical. En effet, depuis des années on note une accélération de l'apparition de bactéries résistantes à une ou plusieurs classes d'antibiotiques, voire même à l'ensemble des antibiotiques actuellement disponibles. Le spectre d'un retour partiel à une situation où la médecine serait impuissante à lutter contre certaines infections bactérienne est une hypothèse qui commence à être prise au sérieux. Pour éviter d'en arriver à une telle situation, plusieurs initiatives ont déjà été prises. On peut citer en exemple les campagnes d'information visant à limiter l'usage des antibiotiques aux seules pathologies qui le nécessitent vraiment.

La mise sur le marché de nouveaux antibiotiques apparait bien entendu également comme une solution permettant au moins de repousser la survenue de cette situation. Malheureusement, il est désormais très rare de découvrir de nouvelles classes d'antibiotiques pour laquelle très peu de bactéries sont susceptibles d'être résistantes.

C'est pourquoi l'annonce faite hier de la découverte du teixobactin, un nouvel antibiotique efficace sur les bactéries multirésistantes sans effet secondaire et dont aucune résistance bactérienne n'a pu être mise en évidence pour le moment, est une nouvelle qui est très remarquée (voir référence). Mieux encore, la nouveauté de cette étude ne se limite pas à la découverte d'un nouvel antibiotique, ce qui est déjà en soit un résultat important, mais également dans la mise au point d'une nouvelle méthode pour en découvrir. Cette nouvelle méthode peut se résumer comme étant un moyen de mettre en culture de nombreuses bactéries du sol, permettant leur étude en laboratoire. Ce type d'avancée technique s'avère souvent déterminant en recherche en donnant des moyens d'études. Rappelons par exemple que la découverte du virus du sida doit beaucoup au Dr. Willy Rozenbaum qui a eu l'idée de mettre en culture des cellules de ganglions lymphatiques riches en lymphocytes, qui se sont avérées être une source manipulable de virus permettant son identification.

Structure chimique de la Teixobactine
Structure chimique de la teixobactine
Source : Voir références

Les chercheurs impliqués pensent que d'autres antibiotiques mais également des anticancéreux devraient pouvoir être découverts en utilisant cette méthodes dans les années à venir. C'est d'ailleurs déjà le cas puisqu'ils font état de 25 nouveaux antibiotiques découverts, le teixobactin étant seulement celui ayant les propriétés les plus intéressantes. Il est même permis d'envisager qu'ils puissent déjà avoir d'autres pistes mais avec des résultats trop préliminaires pour pouvoir encore en parler.

La limite actuelle de cette étude réside dans le fait que le teixobactin n'a pas été testé chez l'Homme mais uniquement chez la souris. Mais vu l'importance potentielle de cette molécule, on peut penser que les études chez l'Homme seront réalisées le plus rapidement possible, en espérant que les résultats prometteurs obtenus chez la souris se confirment chez l'Homme.

Référence :