Les ouvrages de niveau universitaire consacrés aux micro-organismes ne sont pas monnaie courante. Luciano Paolozzi et Jean-Claude Liébart contribuent à combler cette lacune grâce à leur Microbiologie. Le sous-titre, Biologie des procaryotes et de leurs virus permet de mieux cerner les êtres vivants traités dans ce livre : les Bactéries, les Archées et les virus infectant ces cellules.

L’ensemble est structuré en six parties :

  1. Les procaryotes (structures, métabolisme, phylogénie, croissance, reproduction) ;
  2. Le génome : structure et reproduction (génomique, réplication de l’ADN, recombinaison) ;
  3. Diversification et stabilité des génomes (mutations, réparation, transferts d’ADN) ;
  4. Stratégies d’adaptation (expression génique, réponses à l’environnement, différenciation) ;
  5. Interactions procaryotes et autres organismes (virus, interactions hôtes/bactéries, lutte antimicrobienne) ;
  6. Des perspectives en guise de conclusion (biotechnologies).

Des bases dans la discipline sont nécessaires à la lecture de l’ouvrage. Par exemple le chapitre 2 évoque l’ensemble du métabolisme des bactéries en quelques pages très denses, quand le chapitre 3 utilise le concept de LUCA sans définir précisément ce qui se cache derrière cet acronyme. Rien de très étonnant pour un ouvrage universitaire, mais il semble donc à réserver à des étudiants ayant au moins un niveau L3.

Soulignons le fait que de nombreux compléments sont disponibles en ligne sur le site de Dunod. Ils sont accessibles gratuitement en indiquant son adresse mail. Si certains sont vraiment annexes dans le sens où ils ne sont pas indispensables à la bonne compréhension du texte, d’autres mériteraient sans doute de figurer directement dans l’ouvrage. Souhaitons qu’ils soient intégrés à une future édition.

Les lecteurs déjà familiers avec la microbiologie pourront approfondir leurs connaissances sur de nombreux micro-organismes, et notamment sur les archées qui occupent une part importante de l’ouvrage. Les auteurs vont à l’encontre de nombreux « dogmes » encore souvent enseignés :

  • « les procaryotes n’ont pas de cytosquelette ». Si, il est constitué par les protéines FtsZ, MreB et les crescentines chez les Bactéries et leur équivalent crénactine chez les Archées (p. 27).
  • « seuls les Eucaryotes sont compartimentés ». On trouve pourtant des membranes internes chez les procaryotes, par exemple les thylakoïdes des Cyanobactéries (p. 12).
  • « les procaryotes n’ont pas d’organites ». Que penser alors des carboxysomes et des magnétosomes, pour ne citer qu’eux ? (pp. 23-25)
  • « les procaryotes sont unicellulaires » et le corollaire « chez les procaryotes, une seule cellule remplit toutes les fonctions ». Le chapitre 15 met à mal ces propositions puisqu’il est entièrement consacré à la différenciation cellulaire chez les bactéries ! Il y est notamment question d’Anabaena PCC 7120, également connue sous le nom de Nostoc, dont les cellules végétatives réalisent la photosynthèse tandis que les hétérocystes fixent le diazote atmosphérique.

Une belle occasion de remettre à jour ses connaissances concernant des organismes si mal connus (seules 11 000 espèces de bactéries et 5 000 espèces d’Archées sont recensées quand on estime qu’il en existe plusieurs millions) et aux rôles pourtant si importants…

Pascal Combemorel remercie les éditions Dunod de lui avoir mis à disposition un exemplaire du livre.