Dans ce livre, le paléontologue Jean-Sébastien Steyer se donne pour objectif de replacer sur un arbre phylogénétique des espèces imaginaires en les comparant entre elles et à des espèces réelles. La deuxième édition augmentée de l’ouvrage, signe de son succès, nous offre un large panorama digne des cabinets de curiosité.
Durant le Moyen Âge et la Renaissance, des savants très sérieux croyaient à l’existence des licornes, des manticores, des dragons et les plaçaient dans les bestiaires aux côtés d’animaux bien réels. Dans cet ouvrage, le paléontologue Jean-Sébastien Steyer se propose de poursuivre ce joyeux mélange en analysant la biologie des xénomorphes (les extraterrestres de la série de films Alien), de Chewbacca ou de Spiderman comme si ces espèces existaient réellement. Il procède souvent par analogie avec des espèces existantes, ce qui fait de beaucoup de ces créatures des chimères dignes des temps anciens.
L’auteur transmet sa passion pour ses sujets de prédilection : la paléontologie, la zoologie et les ouvrages et films fantastiques dont il dissèque avec minutie les moindres détails des créatures présentées dans le texte ou à l’écran. Par exemple, durant tout un paragraphe l’auteur émet des conjectures sur les comportements sociaux et sexuels des porgs, des êtres de l’univers de Star Wars, à partir d’une très fugace interaction entre deux porgs en arrière-plan d’un des films de la saga.
On peut néanmoins déplorer que l’auteur survole souvent très rapidement la description des espèces réelles qu’il compare aux espèces imaginaires et passe trop vite d’un thème à l’autre à l’exception du chapitre sur Monsieur Spock. En restant centré sur l’évolution des oreilles, ce chapitre est l’un des plus plaisants et des plus instructifs à lire. Il faut noter que quelques erreurs sont présentes dans le texte (par exemple, la chitine est qualifiée de protéine alors que c’est un polymère de la famille des glucides).
L’ouvrage est agréablement illustré avec en ouverture de chaque chapitre des dessins des créatures et des schémas sur certains aspects de leur biologie ou de leur environnement (par exemple le cycle de développement du xénomorphe ou un rappel du cycle lunaire pour le loup-garou).
Au final, la lecture de l’ouvrage s’apparentera donc à la plaisante visite d’un cabinet de curiosités : elle donne à voir beaucoup de choses, mais souvent sans approfondir. Il ne sortira de la virtuosité de l’exercice qu’une admiration pour la diversité du vivant sans en comprendre les ressorts. Néanmoins, des références bibliographiques à la fin de l’ouvrage permettront d’approfondir les thèmes abordés pour celles et ceux qui le souhaitent.