En un peu plus d’un demi-siècle, la production agricole a augmenté de manière spectaculaire grâce à l’extension des surfaces cultivées et, surtout, grâce à un accroissement phénoménal des rendements. C’est ainsi qu’entre 1961 et 2014, le rendement moyen mondial du riz a été multiplié par 2,5 ; ceux du blé et du maïs par 3. Localement, l’accroissement des rendements peut être encore plus marqué. Par exemple, en France, le rendement du blé est passé d’environ 1 à 7,5 tonnes par hectare et par an, entre 1955 et 2010.

Pourtant, cette production alimentaire est inégalement répartie dans le monde. Même quand elle est disponible localement, son coût parfois élevé peut la rendre inaccessible aux plus pauvres. Par ailleurs, l’augmentation des rendements permise par l’utilisation massive d’intrants – eau, engrais, produits phytosanitaires – et la mécanisation a un coût environnemental : diminution de la biodiversité, érosion des sols, pollution des cours d’eau…

Pour remplacer cette agriculture conventionnelle, différentes voies sont possibles : agriculture raisonnée, intégrée, biologique, agroécologie… Ces pratiques, variées, visent à minimiser l’impact de l’homme sur son environnement tout en maintenant une production agricole suffisante et de qualité. Leur mise en place fait face à de nombreux obstacles : manque d’informations des agriculteurs, par ailleurs habitués à des années de pratiques conventionnelles, coût économique de la transition, manque de recul sur certaines pratiques…

C’est l’ensemble de ces thématiques qui est traité dans Le défi alimentaire, qui présente donc le passé, le présent et le futur de la production agricole. Si l’accent est mis sur le fonctionnement des agrosystèmes (cultures, élevages), c’est l’agronomie, dans l’ensemble de ses dimensions (économiques, sanitaires, humaines…) qui est présentée. Un important travail de synthèse, issu d’une multitude de sources bibliographiques, a ainsi été réalisé par Samuel Rebulard, ingénieur agronome et agrégé de SVT.

L’organisation en modules indépendants permet d’avoir une lecture non linéaire de l’ouvrage. Il est possible de naviguer au gré de ses besoins ou bien d’utiliser un outil original : le sommaire thématique. Celui-ci indique les modules à lire pour obtenir des réponses à des questionnements précis : Suffit-il de produire plus pour nourrir toute l’humanité ? En quoi l’agriculture est-elle responsable, victime et source de solution pour le changement climatique ? Pourquoi manger local et de saison ?

Les réponses à ces questions ne sont pas données de manière dogmatique mais argumentées à partir de faits. C’est d’ailleurs l’une des forces du livre : fournir de nombreuses données chiffrées de diverses natures : nombre d’agriculteurs dans le monde, part de la production végétale utilisée pour nourrir les animaux d’élevage, production d’une vache laitière, effets des fertilisants sur la biodiversité… Si l’on ajoute à cela les études de cas, on obtient un ouvrage avec une iconographie et des exemples diversifiés, permettant d’illustrer un cours, de construire un devoir, des exercices.

Compte tenu de la place importante accordée aux questions alimentaires dans les programmes de SVT et de la formation initiale généralement réduite dans ce domaine, Le défi alimentaire deviendra sans nul doute un livre de référence pour de nombreux enseignants. Très accessible, il pourra également être consulté par toutes les personnes désireuses d’en savoir plus sur les enjeux liés à l’alimentation.