Depuis deux décennies que ce soit dans le réseau international des Instituts Pasteur ou à l’Institut Pasteur à Paris, mon principal objectif est de répondre aux problématiques et aux enjeux de santé publique émergeant dans les pays d’endémie palustre. Ma double formation de pharmacien-biologiste et de chercheur, ma volonté de comprendre, ainsi que mon intérêt pour le paludisme, m’ont naturellement conduit à travailler sur l’amélioration des méthodes diagnostiques et sur l’étude de l’évolution de la résistance des parasites aux antipaludiques, que ce soit en République Centrafricaine (2000-2004), à Madagascar (2005-2008) ou au Cambodge (2009-2017). Lors de ma mission au Cambodge, j’ai pu être le témoin direct de l’émergence de la résistance des souches P. falciparum aux dérivés de l’artémisinine puis à la pipéraquine.

Pour mieux caractériser ces résistances et comprendre comment le parasite était capable de survivre aux traitements médicamenteux, j’ai mis en place une stratégie associant la génomique, la biologie, la clinique et l’épidémiologie, à travers de nombreuses collaborations internationales impliquant des chercheurs travaillant au Cambodge, en France, en Europe ou aux États-Unis. J’ai pu ainsi identifier les signatures moléculaires associées à ces résistances. Ces découvertes représentent aujourd’hui un avantage majeur dans la course de vitesse que nous avons engagée avec le parasite. Bien utilisés, ces outils peuvent garantir un traitement efficace aux patients souffrant de paludisme.