L’éthologie cognitive est le champ disciplinaire qui étudie la façon dont les animaux perçoivent, acquièrent, combinent et retiennent des informations. Grâce à leurs interactions avec l’environnement, les individus acquièrent une connaissance du monde qu’ils peuvent utiliser pour adapter leur comportement aux situations qu’ils rencontrent.

Différentes questions se posent lorsque l’on s’intéresse à la cognition : comment les animaux perçoivent-ils le temps ? l’espace ? Savent-ils compter ? distinguer des quantités ? Sont-ils conscients d’eux-mêmes et des autres ? Toutes ces questions et bien d’autres encore sont abordées dans cet ouvrage synthétique écrit par des spécialistes de leurs domaines.

Les différents concepts présentés sont illustrés à l’aide d’exemples. On comprend ainsi comment les facultés cognitives de différents animaux (essentiellement mammifères et oiseaux, mais également abeilles et céphalopodes) sont testées en laboratoire. Il est appréciable que les limites des expériences, ainsi que les dissensus existant au sein de la communauté scientifique, soient régulièrement soulignés.

Les chapitres se terminent par des questions à choix multiples et des questions ouvertes, toutes corrigées. Un résumé des idées principales est également présent. En fin d’ouvrage, un glossaire permet de retrouver les principales définitions et un certain nombre de références bibliographiques sont citées, permettant au lecteur curieux d’approfondir un sujet.

Entretien avec Ludovic Dickel, codirecteur du livre Cognition animale

Planet-Vie : Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire ce livre ?

Ludovic Dickel : Nous sommes partis du constat qu’il n’y avait pas d’ouvrage récent, en français et accessible sur la cognition animale. C’est une discipline à la mode qui recrute beaucoup d’étudiants ; de nombreux cursus abordent la question. Nous voulions faire un point sur les différents thèmes étudiés en cognition animale.

Par rapport aux autres livres d’éthologie disponibles aux oraux du Capes et de l’agrégation1 qu’apporte votre ouvrage ?

Les ouvrages que vous mentionnez concernent soit l’éthologie classique, c’est-à-dire la biologie du comportement, soit l’écologie comportementale, un courant évolutionniste de l’éthologie qui explique les comportements, notamment sociaux, en termes de coûts et de bénéfices.

Notre livre lui se penche sur la cognition. En résumé, nous nous intéressons à l’état mental de l’animal, qui peut se traduire ou non par des comportements. La démarche employée en cognition animale n’est pas la même que celle décrite dans les ouvrages d’éthologie à la liste des concours. Dans le domaine de la cognition animale, on essaye de déduire du comportement des animaux ce à quoi ils pensent.

Notre ouvrage collectif s’inscrit dans un courant récent, le courant cognitif, qui a aussi envahi la psychologie, la médecine, et de nombreuses autres disciplines. Le courant cognitif imprègne maintenant aussi l’éthologie. Ce courant cognitif est très peu mentionné dans les ouvrages que vous citez. Ceux-ci ne s’intéressent pas à l’état interne de l’animal, mais seulement aux manifestations comportementales.

Comment expliquez-vous que les connaissances acquises dans le domaine de la cognition animale et, plus largement, de l’éthologie, ne figurent pas aux programmes de sciences de la vie et de la Terre ?

Les programmes de SVT visent à présenter aux élèves les sciences naturelles comme des sciences dures, avec des méthodes de science dure. Le courant cognitif est considéré par les collègues naturalistes comme des sciences humaines, des sciences « molles » car on s’intéresse à des choses qui ne sont pas directement observables. Si je vous demande comment un escargot voit le monde, comment il se représente son père, sa mère, ce n’est pas quelque chose qui est directement mesurable. Beaucoup de naturalistes pensent que ce n’est pas de leur ressort, mais de celui des sciences humaines.

Quand on pose une question telle que : « Est-ce qu’il y a une pensée chez l’animal ? », beaucoup d’éthologues et de psychologues considéraient jusqu’à récemment qu’il ne s’agissait pas d’une question scientifique.

Nous montrons dans notre ouvrage qu’il est possible d’avoir un raisonnement scientifique sur les pensées et les états mentaux de l’animal. Il est alors possible d’avoir des réponses à des questions telles que : il y a-t-il une souffrance chez l’animal ? une forme d’émotion ? de plaisir ? d’hédonisme ?

Si la cognition animale est désormais reconnue en tant que discipline scientifique, il y a une certaine viscosité au niveau des lycées, des collèges, des Inspé2